Le jeu de la Dame - NETFLIX

 Soumis par Lionel Simon

LE JEU DE LA DAME

En anglais The Queen’s Gambit


Le titre original (The Queen’s Gambit) signifie le sacrifice d’un pion (celui en face de la Dame) pour tenter de prendre un avantage sur le centre de l’échiquier. C’est donc une perte d’un pion, sans autre compensation matérielle. Et tout le film semble répéter ce thème : l’héroïne, Beth Hartmon, l’excellente et fascinante Anya Taylor-Joy, connue notamment pour son apparition dans le film « Split », va devoir sacrifier ou vivre des sacrifices pour tenter de devenir la meilleure joueuse mondiale, qualité dont elle semble disposer déjà très jeune mais aussi et surtout qu’elle va devoir confirmer face à une jungle masculine sans merci, narquoise et hostile à sa suprématie. Cette malheureuse jeune fille découvrira et développera très tôt son intelligence particulière à manœuvrer les pièces du jeu d’échecs, dans l’orphelinat où elle atterrit après le décès de sa mère, et grâce à l’homme à tout faire de l’établissement, lui aussi passionné par ce jeu et très vite par celui de sa jeune élève. S’en suivra un parcours chaotique de Beth, tant dans sa vie sociale, que dans sa découverte de la vie tout court. Et plus rarement mais avec violence, dans son parcours échiquéen, toujours à la conquête des plus grands titres. L’obsession et son talent dans ce jeu, sont tantôt folie, tantôt une expression de son mal être - mais la plupart des génies ne le sont-ils pas, leur propre expression d’un mal être profond - tantôt du génie échiquéen à l’état pur. Le réalisateur de cette mini série - 6 épisodes -, a su retranscrire toute la tension que l’on peut trouver dans cette situation : être une femme géniale dans un milieu quasiment exclusivement composé d’hommes (dans une certaine mesure, cela pourrait rappeler le parcours de Judith Polgar dans sa volonté de ne jouer que des tournois mixtes), être une jeune fille meurtrie par le décès de sa mère, devenue asociale et renfermée, être simplement confrontée aux meilleurs joueurs d’échecs, devoir prouver en permanence son aptitude et sa force là où personne ne vous attend. Bobby Fisher aura certainement inspiré le réalisateur - et probablement l’écrivain Walter TEVIX, autour du livre de référence : folie, génie, malaise et hégémonie russe de l’époque dans ce sport. Le réalisme des prises de vues et des coups joués sur les échiquiers forcent le respect des amateurs autant que celui des connaisseurs d’échecs, d’autant que l’ultime partie de cette hypnotique joueuse débutera par une véritable ouverture et double gambit, nommé le Contre Gambit Albin, de quoi conclure dans un véritable feu d’artifice ce petit bijou cinématographique. 

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Commentaires

  1. Ne pas oubliez le rôle de Kasparov comme consultant qui explique le répertoire théorique de l'héroine et la crédibilité des positions qui sont celles de vraies parties ;)
    Anthony

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